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J o u r n é e s « L i e n s o c i a l » Organisées par le LEMNA
Laboratoire de gestion et de management de Nantes Atlantique Coordination scientifique Fabien TRIPIER
Professeur d’économie à l’université de Nantes 16 - 17 mai 2011
Résumés des communications
Maison des sciences de l’homme Ange-Guépin SOMMAIRE
Frédéric Allaire
La taxe de risque systémique sur les banques, manifestation inédite d’une fiscalité du risque. . . .p. 7 Chantal Aravaca
Risques et prévention du point de vue spirituel : analyse des pratiques architecturales des ordres religieux auXVIIe siècle. . . .p. 9 Luc Arrondel, André Masson
La crise, le risque et l’épargnant. . .p. 11 Marion Bary, Aurélie Moriceau
Quelle efficacité de la responsabilité civile face aux effets indésirables
des médicaments et des vaccins ?.p. 13
Amandine Berger-Sabatel
Gérer le risque. Mission des collectivités territoriales. . .p. 15 Serge Blondel
La gestion des risques : une pratique inversée. .p. 17
Damien Bucco, Sébastien Grollier
Au(x) risque(s) du travail intérimaire. . . . . . . .p. 19 Mylène Chambon
Les Plans de prévention des risques technologiques (PPRT) ou la Mikaël Chambru
La publicisation du risque par la mouvance antinucléaire : l’expression d’un autre rapport au politique caractéristique Jean-Pierre Chauchard
Du risque au besoin. Les nécessaires mutations
de l’État Providence. . . . . .p. 25
Jean-Christophe Fichou
Combattre le plomb dans les boîtes de sardines à l'huile Marion Grosini
Perspective sociologique sur le risque en milieu judiciaire. . . . .p. 29 Anne-Chantal Hardy
Anne-France Kogan
Du bon usage de la téléassistance. Évolution du service, Larminat Pierre de
« D’abord l’analyse quanti, puis l’analyse quali ». Pratiques de réduction du risque François Le Morvan
Les conceptions psychiatriques du « potentiel suicidaire », Maroua Marnissi
Rôle de la coopération client-fournisseur dans la gestion des risques achats et la minimisation de la vulnérabilité des achats.p. 39 Sophie Pardo, Yann Rébillé
Utilité non-bornée et paradoxe de St Petersbourg. .p. 41 TABLE RONDE
RISQUES ALIMENTAIRES, RISQUES FINANCIERS, RISQUES BANCAIRES
François Collart-Dutilleul, ERC Lascaux
Claire Blandel, Pierre-Etienne Bouillot,
Jean-Philippe Bugnicourt, Camille Collart-Dutilleul,
Céline Fercot, Brice Hugou,
Juanjuan Sun, Sylvestre Yamthieu
Risque, alimentation, crise et pauvreté.p. 45 6 OlivierDarné
Nicolas Rautureau
Volatilité des prix alimentaires et protection du producteur.p. 49 La taxe de risque systémique sur les banques,
manifestation inédite d’une fiscalité du risque
Frédéric ALLAIRE
faculté de droit et des sciences politique, Laboratoire Droit et changement social, (DCS), directeur du programme « Risque public » La taxe de risque systémique sur les banques est une taxe dont l’entrée en vigueur procède de la loi de finances initiale pour 2011 adoptée le 29 décembre 2010 dans la perspective des travaux menés par le FMI pour le G20 sur une contribution du secteur financier en considération de la crise des services bancaires de 2008. L’analyse de ce nouveau dispositif fiscal intéresse dans la mesure où il conforte l’hypothèse selon laquelle nous assistons à l’émergence d’une mutation fondamentale de l’action publique au travers de la définition d’une nouvelle légitimité de la puissance publique dans la pré- vention et la réparation de manière systématique de risques divers. Dans cette perspec- tive, la taxe de risque systémique sur les banques retient toute notre attention en ce qu’elle constitue la première manifestation d’une fiscalité du risque. Une telle construc- tion juridique traduit ce mouvement de transformation de l’action publique en ce que la qualification fiscale emporte une reconnaissance aboutie d’un transfert de risques sur la collectivité publique. La mise en œuvre de mécanismes propres devrait permettre de dégager les enjeux de cette qualification juridique à la lumière de qualifications juri- diques voisines jusque-là retenues en France et à l’étranger.
Il convient ainsi de mettre en lumière ce que la qualification fiscale emporte au regard notamment de la question de l’affectation des ressources et par conséquent du rapport d’obligation qu’elle définit entre l’acquittement de cette taxe et la couverture des risques en cause. Son étude doit permettre de s’interroger sur la nature et les contours Par ailleurs, il conviendra de mettre au jour les ambivalences que ce régime fiscal fait peser sur le sens et la portée de la gestion publique de ces risques. À cet égard, l’as- siette et le taux représentent suivant les termes arrêtés par le législateur deux sources d’interrogations quant aux effets premiers et secondaires sur la prévention et la répara- tion des conséquences de la réalisation des risques qui ont justifié l’adoption de ce Risques et prévention du point de vue spirituel :
analyse des pratiques architecturales des ordres religieux
au XVIIe siècle
Chantal ARAVACA,
Centre de recherche en histoire internationale et Atlantique (CRHIA), Au XVIIe siècle les couvents et les monastères sont conçus comme des forteresses.
Murs aveugles et très élevés, grilles et portes en chicane évoquent fortement des bâti- ments à vocation défensive. La notion de prévention, et donc de risque, semble bien être un aspect fondamental dans leur architecture.
Quels sont les risques dont religieuses et religieux cherchent à se protéger et dans quelle mesure leur prévention détermine l’architecture de leurs résidences ? Nous cher- cherons à les identifier et les définir à travers l’analyse d’un certain nombre de couvents et de monastères, aussi bien féminins que masculins. L’étude des rapports entre l’inté- rieur et l’extérieur et entre les différents espaces des bâtiments conventuels sera fonda- mentale dans notre démarche. Celle-ci s’appuiera, de plus, sur une lecture corrélée des règles des ordres et des écrits spirituels contemporains.
Nous envisagerons ainsi l’architecture des bâtiments conventuels et monastiques comme une allégorie de la vie en religion, telle qu’elle est conçue au XVIIe siècle, et des risques qu’elle comporte sur le plan spirituel.
Mots clés : ordres religieux ; XVIIe siècle ; spiritualité ; histoire de l’art ; architec- La crise, le risque et l’épargnant
Luc ARRONDEL,
directeur de recherche au CNRS en économie, André MASSON,
La crise a-t-elle rendu l'épargnant plus prudent ? Ce dernier a-t-il aujourd'hui « encore » moins d'appétence pour le risque qu'hier ? Et si oui, faut-il s'en inquiéter, cer- tains faisant déjà le constat d'un manque d'initiatives et d'entreprise dans notre pays où les épargnants privilégieraient à l'excès les placements de « bon père de famille » ? Nous avons cherché à approfondir les causes du désir de prudence accru exprimé par les ménages dans leurs placements après la crise financière de 2008. Cette répu- gnance à prendre des risques est-elle due à un contexte économique plus incertain, des perspectives d'évolution des revenus revues à la baisse, des anticipations de rendements financiers plus faibles et plus aléatoires ? Ou résulte-t-elle d’une modification du profil psychologique de l’épargnant, dont les préférences elles-mêmes auraient changé lors de Pour mesurer l’impact de ces différents facteurs, nous disposions d'une source unique constituée par les deux vagues (avant et après la crise financière de 2008) d'une enquête PATER qui permet de suivre pour les mêmes ménages l’évolution de leurs préfé- rences et de leurs anticipations et, parallèlement, celles du niveau et de la composition Les informations issues de cette enquête attestent que les ménages sont effective- ment devenus plus prudents et prévoyants dans leurs comportements : hausse de l’épargne de précaution, des perspectives de consommation revues à la baisse, une volonté d’investir dans des placements plus sûrs, etc. Ces changements s’expliquent notamment par des anticipations de revenus plus pessimistes et des espérances de reve- nus financiers plus faibles. Mais sont-ils dus aussi à une variation des préférences indi- viduelles, à savoir une augmentation de l'aversion au risque et du degré de prévoyance ? Nos mesures, établies à partir de scores qui agrègent les réponses à un grand nombre de questions, concluent au contraire à une stabilité d’ensemble des préférences au cours de Plus précisément, les distributions (histogrammes) des scores de risque et de pré- férence temporelle entre mai 2007 et en juin 2009 sont quasi identiques. En outre, les variations individuelles transitoires des scores entre les deux dates restent largement aléatoires et ne peuvent être expliquées, ni par les caractéristiques du ménage, ni par les données macroéconomiques : même les catégories les plus exposées à la crise (actifs, ouvriers, etc.) ne semblent pas avoir modifié leurs préférences.
Ce résultat est important pour la théorie économique mais a surtout des implica- tions paradoxales concernant, par exemple, l’efficacité de politiques économiques qui voudraient inciter les Français à adopter des comportements d’épargne plus « entrepre- nants » : la voie la plus prometteuse consisterait à produire un monde moins chaotique et plus solidaire, sur lequel l’épargnant pourrait en confiance s’appuyer.
Quelle efficacité de la responsabilité civile face aux effets
indésirables des médicaments et des vaccins ?
Marion BARY,
Aurélie MORICEAU,
docteur en droit, post-doctorante, CECOJI (UMR-CNRS 6224), université de Poitiers, chercheur associé CEDRE/IODE (UMR-CNRS 6262), université de Rennes 1 L’administration d’un produit de santé, et plus particulièrement la prise de médi- cament ou la vaccination, entraînent parfois l’apparition d’effets indésirables chez le patient. Ces effets peuvent être bénins comme d’une certaine gravité. Ils peuvent même être à l’origine de dommages de masse, comme en témoignent les affaires les plus récentes : vaccin contre l’hépatite B, Distilbène, Mediator, Requip… Les effets indésira- bles peuvent se manifester peu de temps ou plusieurs années après l’administration du médicament ou la vaccination. Ils correspondent, soit à des risques avérés, soit à des risques potentiels liés à la prise du médicament ou à la vaccination. En cas de réalisa- tion, les victimes ont alors la possibilité de rechercher la responsabilité du fabricant du médicament ou du vaccin pour obtenir une indemnisation du préjudice subi.
Il faut alors se demander quelle est l’efficacité de la responsabilité face à la réali- sation des effets indésirables. En effet, les règles applicables sont générales et non spé- cifiques à l’administration de médicaments et de vaccins. La responsabilité du fait des produits défectueux, régime légal d’origine communautaire (directive 85/374 du 25 juil- let 1985 sur les produits défectueux), s’applique principalement mais elle doit s’articuler avec des règles de responsabilité de droit commun. Par conséquent, les mécanismes de la responsabilité sont-ils réellement adaptés à ces risques ? L’étude a pour objet de montrer les limites de la responsabilité du fait des produits défectueux et les évolutions, opérées par la jurisprudence, pour les pallier et pour amé- liorer l’indemnisation des préjudices causés par des médicaments ou des vaccins.
Ainsi, les difficultés d’application de la responsabilité du fait des produits défec- tueux résultent pour une large part de l’application de la loi dans le temps : cette respon- sabilité n’est applicable qu’aux produits mis en circulation postérieurement à l’entrée en vigueur de la loi du 19 mai 1998. En outre, elle ne peut être recherchée que dans les dix ans suivant la mise en circulation du produit. Ce délai de péremption de l’action appa- raît particulièrement inadapté aux médicaments et aux vaccins dont le défaut peut se manifester plusieurs années après l’administration. Ces éléments expliquent le maintien des règles de droit commun de la responsabilité qui complètent donc ce régime spécial.
Un autre obstacle à l’engagement de la responsabilité du fabricant du fait des pro- duits défectueux est le risque de développement, cause exceptionnelle d’exonération. Le risque de développement correspond à l’hypothèse où un dommage a été causé par un produit qui n’était pas considéré comme susceptible de causer un dommage au regard de l’état des connaissances scientifiques et techniques existant au moment de sa mise en circulation. Pour le moment, le contentieux a surtout porté sur des produits mis en cir- culation avant l’entrée en vigueur de la loi du 19 mai 1998, période où le risque de déve- loppement n’était pas admis. Dans l’avenir, comment sera-t-il apprécié en cas de dom- mages causés par des médicaments ou des vaccins ? Quant aux principales innovations effectuées par la jurisprudence, elles permet- tent surtout de prendre en compte le risque potentiel d’effets indésirables liés à l’admi- nistration d’un médicament ou d’une vaccination. Elles concernent notamment l’appré- ciation de la causalité, qui n’est plus automatiquement exclue en cas d’incertitude scien- tifique (distinction effectuée entre la causalité juridique et la causalité scientifique) et la consécration d’une obligation de vigilance à la charge des fabricants de produits de Ces questionnements et évolutions sont particulièrement importants dans le domaine des médicaments et des vaccins où les enjeux assurantiels et économiques peu- Gérer le risque. Mission des collectivités territoriales
Amandine BERGER-SABBATEL,
Laboratoire d’économie et de management de Nantes Atlantique, Face au risque, les collectivités territoriales s’organisent. Afin d’assurer la mission essentielle de protection de la population et de sauvegarde du territoire qui est la leur, elles interviennent sur l’ensemble de la chaine du risque (prévention, mitigation, prépa- ration à la crise, gestion de la crise, réparations…). Lorsqu’un événement survient, les communes se retrouvent très souvent en première ligne dans la gestion de l’aléa. Mais comment se préparer à la crise quand on est une collectivité territoriale ? Le risque a cela de particulier qu’il peut se produire à n’importe quel moment et endroit du territoire, sous de nombreuses formes différentes (risque naturel, industriel etc.). De même, gérer le risque n’est que l’une des nombreuses autres missions des collectivités territoriales.
Enfin, le risque a un caractère invisible qui fait que, tant qu’il ne survient pas, il est dif- ficile de consacrer trop de temps et de moyens à cette occurrence possible et floue du futur. À l’opposé, lorsque la crise survient, le manque de moyens et de préparation est souvent reproché aux collectivités. Comment gérer ce paradoxe, quel équilibre trouver Cette question est étudiée dans le cadre d’une thèse de doctorat, à travers une étude de terrain approfondie, réalisée sur la base d’observations directes et d’entretiens avec les acteurs. Le choix du terrain d’étude s’est porté sur la métropole nantaise, qui fait figure de pionnière parmi les collectivités territoriales françaises dans la démarche de préparation à la gestion des risques. Afin de se préparer à répondre au risque et à gérer une crise, les communes disposent d’un outil essentiel qui est le Plan communal de sau- vegarde (PCS). à travers une étude de cas approfondie, nous analysons comment cet outil qu’est le plan est mobilisé par les différentes communes et la structure intercommunale.
L’étude de cas observe finement et précisément la manière dont les différents acteurs sur le terrain se saisissent de ce plan – dans sa construction comme dans son appropriation – et le mettent en œuvre. L’analyse à la fois des conditions de production de cet outil, mais aussi ensuite de son appropriation et de l’utilisation qui en est faite à travers des exercices de préparation à la gestion de crise nous éclaire sur la façon dont se construit, se diffuse et se pérennise la culture du risque au sein de telles structures.
La gestion des risques : une pratique inversée
Serge BLONDEL,
Groupe de recherche angevin en économie et management (GRANEM), Nous nous interrogerons sur la mise en œuvre de la gestion des risques (GR). Par cette dernière, nous entendons la méthode classique en trois étapes concernant les risques : identification des risques, évaluation, gestion. Les deux premières étapes cor- respondent au diagnostic, la dernière à la stratégie. Par exemple, une entreprise identi- fiera tous les risques à laquelle elle est confrontée, les évaluera, puis adoptera des stra- Nous partirons d’observations empiriques sur les principaux risques mis en avant dans l’actualité pour montrer comment la GR suit un processus inverse de la méthode préconisée dans tous les manuels : la réalisation du risque entraîne une focalisation sur ce type de risque et une modification de sa gestion. Par exemple, à la suite de la tempête Xynthia, la plupart des maisons inondées ont été déclarées interdites à l’habitation, mais dans les autres zones inondables françaises, rien n’a été fait. Dans le même esprit, cer- taines affaires criminelles motivent de nouvelles lois. Une fois établie cette méthode inversée en pratique dans la GR, nous tenterons d’expliquer ce comportement, en la resi- tuant dans le contexte de l’économie comportementale, qui explique déjà d’autres résul- tats remettant en cause les modèles standards.
Au(x) risque(s) du travail intérimaire
Damien Bucco,
Sébastien Grollier,
Centre nantais de sociologie, (CENS, EA 360), À bien des égards, l’intérim constitue en France une modalité de mise au travail particulièrement exposée aux risques. En effet, les intérimaires qui occupent, pour une grande partie d’entre eux, les emplois dominés du salariat d’exécution, sont à la fois surexposés aux risques sociaux caractéristiques de l’intermittence salariale et aux risques professionnels (dont témoigne une forte accidentologie par ailleurs fortement sous-évaluée). Surexposés et paradoxalement sous-protégés. En amont d’abord où, en raison d’un fort turn over, la prévention se trouve réduite à sa portion congrue. En aval l’isolement des travailleurs temporaires, l’absence de collectif de travail et la faiblesse de l’implantation syndicale rendent difficiles la réparation. Le risque apparaît dès lors comme un critère central pour définir conceptuellement la précarité, dont l’intérim pourrait être considéré comme une forme quasi idéal-typique (discontinuité salariale, sous-emploi, exposition aux risques). La communication se propose dès lors d’explorer cette hypothèse à partir de matériaux empiriques divers (analyse statistique, analyse de données institutionnelles, ethnographie sur des espaces de travail intérimaires, etc.) et à partir de la littérature sociologique.
Les Plans de prévention des risques technologiques (PPRT)
ou la re-négociation locale du risque
Mylène CHAMBON,
Territoires Villes Environnement et Société (TVES), université du Littoral Côte d’Opale.
En matière de risque, le territoire dunkerquois est particulièrement impacté et constitue donc une cellule d’observation particulièrement intéressante. Cet espace litto- ral abrite, en effet, une zone industrialo-portuaire réunissant 13 sites industriels classésSEVESO seuil haut, qui se situent à peine à une vingtaine de kilomètres de la plus impor- tante centrale nucléaire d’Europe : la CNPE de Gravelines. Entre ces lieux à hauts risques sont implantées des zones d’habitation qui sont, pour certaines, situées aux pieds même Ce contexte favorise une « culture du risque », qui se traduit par une tradition locale d’information, de rencontre entre acteurs et de concertation. Cette tradition se développe depuis plus de 30 ans, principalement au sein de deux structures : la Commission locale d’information (CLI) créée en 1987 et le Secrétariat permanent de pré- vention des pollutions industrielles (SPPPI) constitué en 1990. Dans ces deux instances sont débattus les risques et nuisances que rencontrent les populations voisines des La nouveauté qu’apporte la loi du 30 juillet 2003, imposant l’instauration de Plans de prévention des risques technologiques (PPRT), est la gestion de l’urbanisation autour des sites SEVESO seuil haut. Pour suivre l’élaboration de ces plans, la loi prévoit une nou- velle structure de concertation : les Comités locaux d’information et de concertation (CLIC). L’étude de cette concertation par observation participante et entretiens nous a permis d’observer deux mouvements inverses : une institutionnalisation par le « haut » (poids de la réglementation, rigidité des échanges, lieu de débat considéré comme trop « formel ») et une institutionnalisation en « creux » (issue d’un réseau restreint d’ac- teurs qui s’est constitué au fil du temps dans les premières instances de concertation [CLI/SPPPI]). Cette seconde institutionnalisation conduit à une négociation officieuse – tendanciellement en dehors du CLIC – où peuvent s’exprimer les intérêts particuliers liés Ces deux mouvements répondent à un double niveau d’exigences pour la préven- tion du risque : celui de l’État, qui oblige à plus de prévention, et celui des acteurs locaux, qui, sans rejeter cette exigence, souhaitent la développer à leur manière, c’est-à-dire, pour la grande majorité d’entre eux en la conciliant avec un développement économique et social du territoire fortement liée au maintien de l’industrie.
La publicisation du risque par la mouvance antinucléaire :
l’expression d’un autre rapport au politique caractéris-
tique de la société du risque ?
Mikaël CHAMBRU,
doctorant en sciences de l’informatique et de la communication, Groupe de recherche sur les enjeux de la communication (GRESEC), Nos sociétés occidentales se seraient transformées de façon effective, à partir des années 2000, d’une société industrielle en une société du risque, du fait de la dynamique sociale libérée par la généralisation des risques définis comme « le produit global de la machinerie industrielle du progrès ». Le risque serait même devenu le « principe constitutif d’un nouvel espace public mondial », tandis que les nouveaux mouvements sociaux seraient « avant tout l’expression de nouvelles situations de menaces propres à la société du risque » (Ulrich Beck). Parmi ces derniers figurerait le mouvement écolo- giste, et plus particulièrement la mouvance antinucléaire. L’actualité récente au Japon et son traitement médiatique tendent au premier abord à confirmer cette idée. Or si l’on sort de cet opportunisme conjoncturel pour adopter une approche sociohistorique, la réalité sociale empiriquement observable apparaît comme beaucoup plus complexe.
Cette communication vise donc à interroger les pratiques communicationnelles de la mouvance antinucléaire de 1970 à 2010, en cherchant des continuités là ou l’on annonce des ruptures, afin que de savoir sil y a effectivement un autre rapport au poli- tique qui se dessine et que l’on pourrait identifier à la société du risque. Nous nous inté- resserons plus particulièrement aux « débats publics » mis en œuvre par la Commission nationale du débat public (CNDP), au processus d’institutionnalisation des mouvements contestataires et à leur répertoire d’actions collectives. Notre travail visera à montrer en quoi ces « débats publics » révèlent et renforcent un rapport de force déjà ancien entre les différents acteurs sociaux, plus qu’ils n’introduisent de nouvelles pratiques mili- tantes et n’infléchissent les stratégies communicationnelles.
À partir de ces éléments nous questionnerons ce concept de société du risque, qui est devenu l’un des nouveaux paradigmes dominants chez les chercheurs en sciences sociales, en même temps qu’il s’est imposé, sous une forme dégradée, en une grille de lecture du monde de plus en plus mobilisée par les décideurs politiques et économiques.
Il s’agira ainsi de saisir les mutations contemporaines à l’œuvre au sein de l’espace public et la place qu’y occupe le risque, en évitant tout glissement dans une représenta- tion dichotomique entre une version idéalisée du monde social passé et un présent qui serait dès lors, nécessairement nouveau.
Du risque au besoin.
Les nécessaires mutations de l’État Providence
Jean-Pierre CHAUCHARD,
Laboratoire Droit et changement social (DCS), Il n’est guère concevable de donner une définition universelle de la sécurité sociale, probablement parce qu’il en existe plusieurs qui sont inconciliables. Aussi se contentera-t-on de faire le constat que la sécurité sociale tend à réparer les conséquences (idée de couverture) de divers événements, aléas ou charges que l’on range sous l’appel- lation de « risques sociaux ». Dans la conception française de la sécurité sociale, ces risques sociaux sont d’abord désignés par la loi.
Dans un premier temps, ces risques, tous inhérents à la condition humaine (à l’ex- ception du risque professionnel: accidents du travail et chômage) mais affectant chacun indépendamment de la vie en société, ont fourni matière à des techniques élémentaires sinon rustiques, qui n’ont pas été particulièrement imaginées pour résoudre les difficul- tés qu’ils engendraient. Il en a été ainsi avec l’épargne et l’assistance, la responsabilité et l’assurance, voire la mutualité. Toutes avaient leurs mérites mais aussi leurs insuffi- sances. Progressivement, certains instruments juridiques existant ont alors fait l’objet d’adaptations, accusant la spécificité des risques retenus. C’est ainsi que la mutualité est à la racine des assurances sociales, tout comme la réparation des accidents du travail est née d’une adaptation des principes de la responsabilité civile. La compensation des charges de famil e est, el e, issue d’une adaptation du salaire. Ce n’est que dans un troi- sième temps que des techniques originales ont été imaginées. Ainsi est née la Sécurité sociale dont l’ambition universaliste a alors justifié le recours à une technique particu- lière, le service public, venu du droit administratif et lui-même objet d’adaptations (sécu- rité sociale érigée en « service public géré par des organismes de droit privé »). Et c’est l’intervention de la col ectivité dans leur prise en charge qui en fait des risques sociaux.
Mais la Sécurité sociale n’est qu’une pièce dans un ensemble plus vaste qui sou- ligne l’existence d’autres efforts concourant à la couverture des risques et des aléas de l’existence. Il s’agit de la « protection sociale » dont le champ d’application est vaste, sinon indéterminé. Il y a trente ans, la Sécurité sociale occupait la place principale au sein de cet ensemble, devant même entraîner, en raison de son expansion continue depuis la Libération, la disparition de l’aide sociale, cet autre mode de protection issu de l’histoire sociale française. La solution est aujourd’hui écartée en raison des difficultés rencontrées par l’économie française, principalement en raison d’un chômage de masse et constant qui a entraîné réforme sur réforme, aboutissant au sein des branches à l’adoption de mesures restrictives.
C’est ainsi que la Sécurité sociale s’avère prisonnière de son passé car ses efforts demeurent concentrés sur une même famille de risques même si, aujourd’hui, on ne parle plus guère d’assurances sociales mais de « branche » (branche santé, branche retraite, branche famille). À l’opposé, l’aide sociale s’est renouvelée en raison de l’essor de la grande pauvreté (du RMI au RSA). C’est pourquoi la vieillesse, la maladie, voire la charge d’enfants, n’apparaissent plus depuis longtemps, chacun pour leur part, comme un risque social mais plutôt comme « un fait » tout à la fois social, historique et juri- dique, économique ou médical. Ce fait engendre un « besoin » de protection. Le contenu de ce besoin nouvelle manière, qui est bien différent du risque susceptible d’être « cou- vert » par l’assurance, devrait être redéfini car il ne se confond pas non plus avec le besoin, fondement de l’aide sociale. Du risque au besoin comme fondement d’une sécu- rité sociale qui exige plus qu’un ravalement, voilà un prétexte à réforme. Les débats à venir sur « la dépendance, 5e risque ou 5e branche ? », devraient permettre de s’en Combattre le plomb dans les boîtes de sardines à l'huile
(1879-1914)
Jean-Christophe FICHOU,
docteur en géographie, docteur agrégé habilité en histoire contemporaine, chercheur associé du PaHST-université de Bretagne Occidentale, Brest, membre de l’UMR 5196, Techniques et cultures, CNRS-MNHM, professeur de géographie en CPGE, Brest.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les observations sur la toxicologie alimen- taire sont souvent mises en relation avec l’étude des effets qu’entraînent les nuisances industrielles sur la santé des ouvriers. Par exemple, le saturnisme des peintres en bâti- ment, qui travaillent alors avec du blanc de céruse, inquiète l’Europe entière. Et tout le monde s’en mêle, et même l’incontournable Louis Pasteur. Or, le fer-blanc des boîtes de conserves, est étamé au plomb tandis que les brasures intérieures et extérieures sont faites avec un alliage qui en contient parfois plus de 50 %. La teneur est plus particuliè- rement forte dans les boîtes de sardines dont le format parallélépipédique ne peut pas s'effectuer par une fermeture mécanisée. Aussi en 1879, le Comité consultatif d’hygiène de France, saisi par le ministre de l’Agriculture et du commerce, recommande-t-il de procéder désormais à l’étain fin. Aussitôt, la Chambre syndicale des ouvriers boîtiers de Nantes écrit une pétition où elle avoue implicitement que, pour soutenir la concurrence, elle doit se livrer à bien d’autres fraudes répréhensibles ! Ils sont suivis dans leurs récla- mations par la Chambre syndicale des conserveurs de poissons qui agissent très effica- cement pour atténuer la portée du texte de loi. Malgré l’importance de la pression, une circulaire « dans laquelle on s’était efforcé de tenir un compte équitable des nécessités de l’hygiène et des intérêts des fabricants », demande aux préfets de prohiber l’usage du plomb dans la fabrication des boîtes qui, «dépassant leur destination première, servent à une foule d’usages dans un certain nombre de ménages ». Mais la mauvaise volonté que montrent les fabricants pour comprendre l’effet insidieux et souvent méconnu du plomb dans l’économie humaine fait que, de délai en délai accordé, l’interdiction n'est exécutoire qu’en 1891 (soit 12 ans après l’ordonnance de 1879), et qu'elle n'est toujours pas parfaitement respectée. De plus, il convient de définir ce que l’on entend par étain fin et de préciser en 1894 que les soudures intérieures ne doivent jamais contenir plus de un millième de plomb. En 1908 encore, on peut trouver un arrêté ministériel qui interdit la vente de boîtes peintes ou vernies avec des couleurs plombiques. La commu- nication présentée se propose donc d'exposer les risques auxquels étaient confrontés les consommateurs, « l’organisation de la société face au risque » au travers d'un arsenal législatif et plus encore, de l'ensemble des moyens mis en œuvre par les conserveurs eux- mêmes pour repousser ou contourner la loi.
Perspective sociologique sur le risque
en milieu judiciaire
Marion GROSINI,
Laboratoire Groupe de recherche innovations et sociétés (GRIS), La thèse porte sur la gestion des risques dans le domaine judiciaire, et plus préci- sément sur la surdétermination du risque dans les décisions de justice. Dans ce cadre, le risque prend deux formes : le risque porté par la population à risques (dont l’individu dangereux fait partie), et le risque de l’erreur dans la décision du magistrat, juré ou expert (déterminé dans une large mesure par la question de la responsabilité, notam- ment vis-à-vis des questions de protection de la société).
D’un point de vue théorique, nous concevons le risque comme une rationalité gou- vernementale, c'est-à-dire qu’il est à la fois une technologie de gouvernance et un élé- ment de justification de la gouvernance en question. Cela sous-entend que le risque est le résultat d’une construction sociale (et qu’il n’a pas d’existence en soi comme pourrait le décrire Ulrich Beck). Concernant notre sujet, il pourra prendre une forme aussi bien probabiliste comme dans le cas des expertises actuarielles pratiquées aux États-Unis, que clinique (l’évaluation de la dangerosité dans l’expertise psychiatrique pratiquée en France). Pour autant, ce décalage entre les deux modes d’évaluation du risque ne doit pas nous faire douter de l’importance de ce dernier comme cadre cognitif en France.
D’une certaine façon, le risque structure notre manière de penser le réel et notamment les enjeux liés à la sécurité. Les magistrats et jurés interrogés lors de notre enquête de terrain justifient leurs décisions les plus punitives sur la base du risque de récidive d’in- dividus considérés comme dangereux.
Le risque de guérir
Anne-Chantal HARDY,
chargée de recherche au CNRS, sociologie, Laboratoire Droit et changement social (DCS-UMR 3128), université de Nantes-MSH Ange-Guépin La notion de risque, dans le domaine de la santé, est aujourd’hui largement utili- sée pour baliser des situations dites « difficiles » et tenter d’établir des protocoles visant à le « réduire », ou du moins en permettre la connaissance. Au titre de ces risques, on peut mentionner les effets induits, et déclarés indésirables, des techniques à visée théra- peutiques, qu’elles soient chirurgicales, chimiothérapiques ou radiothérapiques. Cette question est aujourd’hui souvent abordée concernant le cancer, maladie dont la force agressive n’a d’équivalent que les traitements mobilisés pour le combattre.
La communication proposée tirera ses matériaux d’une étude réalisée pour la Ligue contre le cancer, concernant les effets à long terme des traitements du cancer pédiatrique. Nous centrerons notre propos autour de la question suivante : la guérison peut-elle être considérée comme un risque ? Dans un premier temps, nous expliquerons en quoi la question mérite d’être posée. En effet, l’état de « guéri » n’est, pas plus que celui de « santé » ou de « maladie », un état stable. Au contraire, il témoigne d’un nouvel équilibre, particulièrement fragile puisque les traitements ayant permis la guérison entraînent à leur tour un ensemble de pathologies plus ou moins facilement identifiables. Dans ce sens, il ne peut s’agir d’un retour à l’état antérieur, comme l’a bien souligné Georges Canguilhem, mais de l’entrée Dans un second temps, nous montrerons pourquoi, dans ce contexte, le concept de risque, largement utilisé par les professionnels de santé, peut constituer un piège pour la compréhension des problèmes. En effet, le risque isole l’effet « bénéfique » et l’effet « maléfique » d’une modification volontaire d’un processus, ici un traitement contre le cancer. Or, cela revient à réduire la personne malade à sa propre maladie, voire aux cel- lules qui provoquent cette maladie, tout dégât provoqué au-delà de ces cellules étant pensé comme un « risque collatéral ». En faisant l’impasse sur le fait que la guérison est un processus permettant une nouvelle forme de vie, c’est-à-dire en la distinguant des risques thérapeutiques, on prend alors un nouveau « risque », qui est celui d’ôter toute possibilité de mettre des mots et de donner du sens à cette nouvelle vie émergente.
Du bon usage de la téléassistance. Évolution du service,
éducation des protagonistes
Anne-France KOGAN
maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Les politiques publiques cherchent à favoriser le maintien à domicile des per- sonnes âgées en soutenant une offre de services variée. Nous nous intéressons ici à un service spécifique, le service de téléassistance mis en œuvre par des opérateurs dans le but de réduire les risques sanitaires dus aux chutes, celles-ci augmentant avec l’âge.
En portant un regard rétrospectif sur ce service, qui existe depuis maintenant une trentaine d’années, nous pouvons observer une évolution de ses usages. Les opérateurs de l’offre de téléassistance, qu’ils soient issus du secteur associatif, privé ou public, les ont pris en compte et nous les observons au niveau du fonctionnement du plateau de téléassistance qui joue un rôle central d’articulation entre les différents acteurs (per- sonnes âgées, aide à domicile, membres de la famille, voisins, médecins, pompiers, etc.).
On remarque ainsi comment les opérateurs prennent en compte ces évolutions tout en continuant « d’éduquer » les différents protagonistes à être de « bons usagers » de la téléassistance. Plus particulièrement, les opératrices, tout en répondant aux alarmes, agissent pour configurer le rôle des différents intervenants qui doivent se retrouver sur une conception commune et partagée de ce service « élargi », car la qualité du service dépend d’une « bonne » articulation entre les actions des différents acteurs locaux qui Cette communication s’appuie sur une recherche menée avec le soutien de la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité et d’Autonomie) de juin 2008 à décembre 2009.
« D’abord l’analyse quanti, puis l’analyse quali ».
Pratiques de réduction du risque dans la gestion d’actifs
Pierre de Larminat
Les gestionnaires de portefeuille achètent, détiennent et vendent des valeurs mobilières sur les marchés financiers pour le compte d’investisseurs tiers que sont par exemple des fonds de pension, des compagnies d’assurance ou des ménages fortunés.
Ces investisseurs courent le risque de perdre leur capital ou qu’il fructifie moins dans les mains de leurs gérants que s’il avait été placé autrement. Dépendants de la variabilité des prix auxquels s’échangent les valeurs qu’ils négocient sur les marchés financiers, les gestionnaires d’actifs fournissent un service risqué dont l’issue est incertaine.
Pour domestiquer l’incertitude à laquelle ils sont confrontés, les investisseurs professionnels produisent des instruments de connaissance et de rationalisation. Les observations ethnogra- phiques et les entretiens que j’ai réalisés auprès de profession- nels de la gestion font émerger la prégnance d’une catégorie de division symbolique et sociale du travail de réduction de l’incer- titude. Les acteurs qui mobilisent cette forme de classification opposent une première analyse « quantitative » à une seconde analyse « qualitative », comme s’il s’agissait de deux régimes de connaissance incomplets, dont l’articulation garantit sinon une annulation des risques, au moins une réduction de ces risques aussi importante que possible.
Néanmoins, une analyse plus précise du matériau ethnographique collecté montre que, sur ce terrain d’enquête, la distinction épistémologique entre le « qualitatif » et le « quantitatif » recouvre en réalité une distinction fonctionnelle. En effet, quand on s’at- tache aux pratiques, on découvre que l’analyse « quantitative » désigne principalement l’analyse statistique de prix passés, destinée à découvrir les propriétés de la distribution de probabilités qui les a générés. L’analyse « qualitative » désigne la recherche des conditions sociales de production d’une telle distribution de probabilités et du motif de croire à la reproduction de ces conditions.
Dévoiler l’erreur épistémique qui caractérise la distinction entre « quanti » et « quali » dans la gestion d’actifs permet de mieux comprendre la division sociale du tra- vail parmi des acteurs engagés dans des pratiques spéculatives. À mes yeux, cette opéra- tion qui contribue à établir parmi les sciences sociales une relation plus sereine et moins fétichiste à l’égard des outils de calcul, s’inscrit aussi bien dans le premier que dans le second thème des journées d’études.
Les conceptions psychiatriques du « potentiel suicidaire »,
entre risque et incertitude
François LE MORVAN
Cette communication se propose de montrer la pluralité des approches médicales du risque suicidaire et leur lien avec la position des professionnels dans l'espace médi- cal et hospitalier. La définition du suicide comme risque est récente, mais alors que la littérature psychiatrique met en avant la possibilité de le contrôler, la pratique en urgence est d’abord le reflet de la gestion d’une incertitude quant à la possibilité de réci- Cette étude repose sur les conclusions d’une ethnographie menée durant huit mois dans deux services d’urgences, comportant l’observation régulière de consultations psy- chiatriques pour patients suicidaires ainsi que la réalisation d’entretiens avec les prati- ciens hospitaliers concernés. L’analyse repose également sur l’exploitation des princi- paux ouvrages médicaux et thèses de médecine parus sur le sujet aux XIXe et XXe siècles.
Alors que le traitement des tentatives de suicide (TS) a longtemps été réalisé par la psychiatrie à partir de références à la maladie mentale , les évolutions récentes de la dis- cipline et des services d’urgences ont permis une redéfinition du suicide comme risque à évaluer. Si l’on suit la littérature récente, ce risque peut être a minima contrôlé à par- tir de connaissances épidémiologiques et de la mise en œuvre de référentiels de bonnes pratiques fondés sur ces savoirs. Selon les orientations des auteurs, peut aussi être envi- sagée une relative maîtrise du risque suicidaire à partir de savoirs scientifiques issus de la psychanalyse et plus encore de la psychiatrie biologique.
Pourtant, la prise en charge en urgence se construit en partie en opposition à ces savoirs et recommandations, pour mettre en avant une incertitude irréductible fondée sur l’ imprévisibilité de la récidive sur un plan individuel et sur le risque légal qu’elle fait courir au psychiatre. Cette conception débouche sur la mise en œuvre de savoir-faire qui ne relèvent pas tant de la science appliquée que du « sens clinique » et d’un apprentis- sage par la pratique du contrôle d’une situation incertaine.
Enfin, les professions les moins en contact avec les patients suicidaires refusent à la fois les perceptions fondées sur les notions de risque et d'incertitude, au profit d’une vision de la TS comme perturbation illégitime. Le risque de récidive est alors considéré comme nul et la prise en charge en partie discréditée.
Orientations bibliographiques
Abbott Andrew, The System of Professions. An Essay on the Division of Expert Labor, 1988ANAES, Prise en charge hospitalière des adolescents après une tentative de suicide, Texte Brierre de Boismont Alexandre, Du suicide et de la folie suicide, considérés dans leurs rapports avec la statistique, la médecine et la philosophie, 1856.
Carricaburu Danièle, « Entre incertitude et risque, les professionnels de l’obstétrique face à l’accouchement podalique », in. Carricaburu Danièle, Castra Michel, Cohen Patrice (dir.), Risques et pratiques médicales, 2009.
Castel Robert, L'ordre psychiatrique: l'âge d'or de l'aliénisme, 1976.
Champy Florent, Nouvelle théorie sociologique des professions, 2011.
Courtet Philippe (dir.), Suicides et tentatives de suicide, 2010.
Ehrenberg Alain, « Remarques pour éclaircir le concept de santé mentale. Point de vue », Revue Française des Affaires Sociales, n°1, 2004.
Foucault Michel, Le pouvoir psychiatrique, cours au Collège de France (1973-1974), Freidson Eliot, La profession médicale, 1984 (1970).
Knight Frank, Risk, Uncertainty and Profit, 1921.
Morasz Laurent, Danet François, Comprendre et soigner la crise suicidaire, 2004.
Peretti-Watel Patrick, La société du risque, 2001 Piel Eric, Roelandt Jean-Luc, De la psychiatrie vers la santé mentale, rapport de mis- Shea Shawn Christopher, Evaluation du potentiel suicidaire, comment intervenir pour Rôle de la coopération client-fournisseur
dans la gestion des risques achats
et la minimisation de la vulnérabilité des achats
Maroua MARNISSI,
Laboratoire d’économie et de management (LEMNA), Au cours des années 2000-2005, les entreprises se sont ajustées à des mutations profondes générées directement ou indirectement de la sensibilité des clients aux concepts de développement durable et de responsabilité sociétale (Lin et Lu, 2005). Ces changements ont conduit à de nouvelles formes organisationnelles de gestion de la chaîne d’approvisionnement (la supply chain amont). De nouveaux comportements, notamment l’identification des risques et leur intégration dans le processus de décision d’achats, sont devenus nécessaires (Tapiero, 2008 ; Ayade, 2009 ; Bernard et Salviac, La coopération avec les partenaires de la supply chain est suggérée comme méthode la plus pertinente pour la gestion des risques liés (Marchesnay, 1993 ; Julien et al., 1994 ; Schmidt et al., 2002). Elle facilite la gestion les flux physiques et intellectuels dans la supply chain et minimise les incertitudes et risques liés à ces flux et à la relation interentreprises. Le Supply Chain Management (SCM) présente le cadre théorique de cette hypothèse. Il permet « l’identification et le management des risques liés à la sup- ply chain, à travers la coordination entre les membres de la supply chain, afin de réduire la vulnérabilité de cette dernière » (Jüttner et al., 2003).
La question à laquelle nous tentons de répondre dans ce travail est la suivante : « la coopération entre le donneur d’ordre et le fournisseur permet-elle une minimisation des risques achats ? » De cette question principale, est issu un nombre de questions spéci- fiques : Quels sont les risques qui peuvent intervenir dans les activités d’achat et d’ap- provisionnement ? Quels sont les avantages et les inconvénients de la coopération dans la gestion des risques achats ? Dans quelles conditions cette dernière peut-elle être appli- quée ? Quels sont les mécanismes qu’il faut mettre en œuvre pour réussir la gestion des risques achats à travers la coopération ? Nous essayerons de répondre à ces questions à travers une investigation théorique et une recherche empirique à partir d’entretiens semi-directifs auprès des entreprises industrielles dans la région des Pays de la Loire.
Utilité non-bornée et paradoxe de St Petersbourg
Sophie PARDO,
responsable de l’atelier « Finance et risques », Laboratoire d’économie et de management de Nantes Atlantique (LEMNA) Yann RÉBILLÉ,
Laboratoire d’économie et de management de Nantes Atlantique (LEMNA), IEMN-IAE, Une notion incontournable en économie du risque est celle d’aversion au risque.
Elle traduit une notion usuelle en économie théorique qui est celle de la convexité des préférences. L’aversion au risque permet d’associer une prime de risque positive à chaque projet risqué, ce qui explique la préférence des agents pour la certitude plutôt que pour le risque. Dans l’approche standard de l’espérance d’utilité à la von Neuman- Morgenstern, l’aversion au risque se réduit à la concavité de la fonction d’utilité.
L’aversion au risque est fréquemment invoquée pour expliquer le cas d’école de la décision en univers risqué : le paradoxe de St Petersbourg (Bernoulli, Aumann, Shapley, etc.). Mais la résolution de ce paradoxe a également suscité contre-exemples et contro- Nous nous proposons d’éclaircir le rôle joué par l’aversion au risque dans la réso- lution du paradoxe de St Petersbourg. Il s’avère que la propriété essentielle associée au paradoxe de St Petersbourg correspond à la notion d’agent (inverse) « raisonnable » que Nous proposerons une axiomatisation à la Herstein-Milnor des préférences « rai- sonnables », une notion plus faible que l’aversion au risque. Les préférences raisonna- bles n’excluent pas la possibilité d’un comportement risquophile. Elles permettent d’en- visager des préférences simultanément risquophiles pour des loteries à petits enjeux et risquophobes pour de gros enjeux comme cela est envisagé dans le cas des préférences Ceci permettra également de définir une prime de risque étendue à tous les risques économiquement viables, c’est-à-dire d’espérance finie et aussi de caractériser la rela- tion de comparaison « être plus raisonnable que ».
Bibliographie :
D. Bernoulli. « Specimen theoriae novae de mensura sortis, Commentarii Academiae Scientiarum Imperialis Petropolitanae » (5, 175-192, 1738), Econometrica, (1) 1954, p. 23-36.
M. Friedman, L J. Savage, « The Utility Analysis of Choices Involving Risk », The Journal of Political Economy, 56 (4), 1948, p. 279-304.
Herstein, J. Milnor, « An Axiomatic Approach to Measurable Utility », Econometrica 21 TABLE RONDE
Risques alimentaires, risques financiers,
risques bancaires
Risque, alimentation, crise et pauvreté
TABLE RONDE
François Collart-Dutilleul,
Institut de recherche en droit privé (IRDP) Participants : Claire BLANDEL, Pierre-Etienne BOUILLOT,
Jean-Philippe BUGNICOURT, Camille Collart-Dutilleul,
Céline FERCOT, Brice HUGOU,
Juanjuan SUN, Sylvestre YAMTHIEU
La globalisation du commerce des aliments est un fait. Elle permet à chaque acteur de la chaîne alimentaire, du producteur au consommateur, d’évoluer sur un marché mondial. Les frontières entre les pays s’effacent peu à peu, laissant circuler non seule- ment l’aliment, mais également les risques qui lui sont liés. Parmi eux, la volatilité des prix des matières premières agricoles, la contamination des aliments, les aléas clima- tiques sont autant d’exemples susceptibles d’engendrer des crises alimentaires interna- Le risque alimentaire se concrétise donc sous des formes multiples. Qu’il soit sani- taire, environnemental, économique ou social, son étude fait appel à différentes branches du droit telles que le droit de l’alimentation, le droit de la concurrence ou encore le droit de l’environnement. S’il est de ce fait malaisé d’en proposer une défini- tion claire et précise, son analyse n’en est pas pour autant dénuée d’intérêt d’un point de vue juridique. L’étendue des questions impliquées par la régulation de ces différents risques constitue en effet un terrain propice à l’identification des problèmes engendrés par la globalisation du commerce des aliments.
Par-delà de ces questionnements, la notion de risque mérite d’être mise en paral- lèle avec les sources générales de production de richesses et, a contrario, avec les risques d’appauvrissement – par définition variables et contingents – des populations, que ce soit dans les pays du Nord ou du Sud. Il apparaît en effet que plus une société produit de richesses, plus elle « produit » parallèlement de risques, alors même que, contrairement aux richesses, les risques concernent tous les individus, quelle que soit leur situation de Plus généralement, si le risque comporte à la fois un danger et un aléa, il nous importera surtout de s’attacher à l’étendue de ce dernier ou, en d’autres termes, aux causes d’un phénomène comme celui de la pauvreté – envisagée tout particulièrement sous l’angle de la privation face à une alimentation en quantité et de qualité suffisantes.
Or, parmi ces causes, si certaines se rattachent inéluctablement à la situation propre à chaque individu, d’autres répondent à des facteurs qui sont exogènes à ce dernier et qui possèdent donc une part d’explication structurelle.
En définitive, l’objet de l’atelier proposé permettra aux intervenants de débattre à propos des liens entre alimentation et risques, tout en interagissant avec le public.
Volatilité des prix alimentaires
Olivier DARNÉ,
Laboratoire d’économie et de management de Nantes Atlantique (LEMNA), Les fluctuations des prix sont caractéristiques du bon fonctionnement des mar- chés des produits agricoles. Néanmoins, lorsque ces fluctuations deviennent larges et imprévisibles – prix volatiles – elles peuvent engendrer des effets négatifs sur la sécurité alimentaire des consommateurs, producteurs, et bon nombre de pays. Depuis 2007 les marchés mondiaux ont été témoins d’une série de renversement des prix des produits.
Les prix des produits alimentaires ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 30 ans au cours de l’été 2008, pour ensuite s’effondrer l’hiver suivant, puis augmenter rapidement dans les mois successifs. Aujourd’hui, les prix des denrées alimentaires restent élevés et devraient demeurer volatils. Deux voies d’explications possibles sont avancées pour expliquer cette volatilité : 1• opinions publiques et politiques pointent la responsabilité des spéculateurs ; 2• d’autres avancent l’écart important entre la demande qui explose et l’offre qui subit les aléas climatiques (la production).
Il est important de se préoccuper de l'impact de la volatilité des prix alimentaires sur les marchés internationaux et nationaux, et de la capacité des pays à assurer la sécu- rité alimentaire de leurs populations dans un environnement de plus en plus imprévisi- La communication portera sur une présentation de la volatilité des prix alimen- taires et des produits dérivés ainsi qu’un état des lieux du débat actuel sur les possibles causes de la volatilité des prix alimentaires.
Volatilité des prix alimentaires
et protection du producteur
Nicolas RAUTUREAU,
maître de conférences en sciences économiques, responsable de l’atelier « Finance et risques », Laboratoire d’économie et de management (LEMNA), La volatilité des prix alimentaires est un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années, en raison notamment de la disparition progressive de différents méca- nismes de régulation des cours. Ses conséquences multiples ont placé ce sujet au centre des préoccupations mondiales. Du côté des consommateurs, son impact s’est traduit par une érosion du pouvoir d’achat, voire par l’apparition de crises alimentaires. Du côté des producteurs, ces fluctuations constituent une menace en termes de revenu d’activité, notamment lorsqu’elles sont significatives au regard du taux de marge, ou lorsqu’elles ne peuvent être répercutées sur le consommateur. Ainsi, une instabilité durable peut entraîner, à moyen terme, une disparition ou une concentration extrême de l’appareil productif, augmentant par là même le risque alimentaire.
La communication expliquera l’utilité, pour les producteurs désirant se protéger de ces fluctuations et garantir un revenu, du recours aux marchés dérivés. Elle indiquera également les difficultés et les limites de cette approche. Nous présenterons également quelques solutions alternatives lorsque de tels marchés n’existent pas. Des illustrations en pêche et en agriculture accompagneront le propos.

Source: http://www.droit-aliments-terre.eu/documents/sources_lascaux/articles/2011/Journees_Guepin_risque_2011_resumes.pdf

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Research Article Volume: 1: Issue-3: July-Sept-2012 Copyrights@2012 ISSN: 2278-0246 Received: 30th August -2012 Revised: 1st September -2012 Accepted: 03rd September-2012 Coden : IJAPBS www.ijapbs.com ESTIMATION OF ANTISPASMODIC POTENCY OF DICYCLOMINE IN COMPARISON TO ATROPINE ON ISOLATED RAT COLON Vijay Kumar A N1, Sudhakar Lakavath2, Sanghishetti Vijay Prasad1, Ni

cis.rit.edu

This laboratory considers several concepts in geometrical optics and thin lenses: the assumptionof rectilinear propagation (light as rays) that deÞnes geometrical optics; the mapping from objectspace to image space by a thin lens (including real and virtual images, longitudinal and transversemagniÞcations, and the differential radiometry of the mapping); and the two types of cardinal pointsof l

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