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Chapitre 1
Les éléments de l’iconographie
Les vêtements
(Voir annexe 2)

Traditionnellement, les apôtres sont vêtus d’une robe et d’un manteau dit « apostolique », règle strictement observée lorsqu’ils sont réunis en
collège, à l’exception de saint Jacques qui, dans 35 % des cas, revêt des
vêtements différents, comme nous le verrons. Hors du collège des apôtres,
lorsqu’ils sont en compagnie de saint Jacques, certains apôtres se vêtent en
évêque (saint Philippe, à Plouasne, par exemple), voire en pèlerin (saint
Jacques le mineur à Sérent, photo ci-contre1, sans bourdon ni coquille). Quel
que soit son environnement, saint Jacques reste fidèle à son originalité, y
compris pour les attributs et accessoires qui le caractérisent, comme nous le
verrons plus loin.
Robe et manteau

C’est cependant la robe et le manteau qu’il porte le plus (65 % des cas). La robe est le plus souvent munie d’une ceinture et parfois boutonnée au col. Dans la plupart des cas, elle tombe jusqu’aux pieds en long plis verticaux. Dans quelques cas, elle ne descend qu’aux genoux (planches A9, A13, B1, C3). Le manteau, tombant de part et d’autre du corps dans les modèles les plus anciens, est de plus en plus souvent relevé « en tablier » ou dans un drapé harmonieux que nous appelons « drapé apostolique », commun à tous les apôtres. Rarement, le manteau se présente comme une pièce de tissu sans manche, boutonnée sur l’épaule droite, laissant libre le bras droit et relevé par le bras gauche qui crée un drapé2 (planche B7) Cotte et surcot :
Dans 17,5 % des cas, les statues revêtent les vêtements du « petit peuple » contemporain3 : la cotte et le surcot. Parfois, le long surcot cache la cotte qui n’apparaît qu’aux manches et au col (planche A1), mais le plus souvent, la cotte descend jusqu’aux pieds alors que le surcot s’arrête aux genoux (planches A2 et A3, A24, B4 à B6, C1 et C2). Ce type de vêtement disparaît sur les statues en même temps que sur le peuple, au début du XVIe siècle, sauf dans les « porches des apôtres » où il apparaît encore au XVIIe. Robe, manteau et mantelet :
Dans les 17,5 % de cas restant, saint Jacques copie, à partir du XVIIe siècle, les pèlerins et voyageurs en ajoutant un mantelet (de cuir ?) à la robe et au manteau. Nous avons relevé un exemple flagrant de pèlerin ainsi vêtu dans un registre de l’hôpital Saint-Yves de Rennes4, à la date du 8 mars 1650 : « Un pelerin alant au voiage audelae – un haut de col de cuir et des crosilles de La statue de saint Jacques à l’église Saint-Sauveur de Bouvron (planche A17) pourrait représenter ce pèlerin au mantelet garni de coquilles Saint-Jacques. Fréquent au XVIIe et XVIIIe siècles, ce type de vêtements se raréfie au XIXe pour 1 Nous n’avons pas résisté au plaisir de présenter cette magnifique statue, bien évidemment classée MH depuis 1973 2 Ce type de manteau était porté par les contemporains. Voir, entre autres, François Boucher : « Histoire du costume », FLAMMARION, Paris, 1983 3 François Boucher, opus cité. Le manteau cité plus haut est apparu plus tard, évidemment. 4 ADIV, cote H-Hôpital de Rennes - 838 Les attributs apostoliques:
(Voir annexe 3)
Le
est l’attribut commun à tous les apôtres, chargés de répandre « la Bonne Nouvelle ». Parfois dit « Codex », nous pensons qu’il s’agît de l’Evangile. Saint Jacques est pourvu 269 fois de ce livre, le plus souvent fermé (210 fois), mais 55 fois ouvert (surtout aux XVIe et XVIIe siècles) et 4 fois porté dans un petit sac (planches A6, B2, C4, C5). Lorsque le livre est fermé, il le tient volontiers sous l’avant bras mais, s’il est ouvert, il peut aussi bien le présenter aux fidèles que se concentrer sur sa lecture… Le phylactère joue un double rôle :
°Lorsque saint Jacques est isolé, et en particulier « en majesté », le phylactère est là
pour mentionner « je suis saint Jacques ». Les treize phylactères de ce type qui nous sont parvenus (planches A4, A5, D2 et D3), à l’exception de celui de la statue à la chapelle Saint-Jacques de Tremeven, sans doute repeinte à la fin du XIXe siècle en même temps que le retable5, sont effacés lorsqu’ils sont portés par des statues et illisibles parce qu’ils sont roulés dans les mains de certains Saint-Jacques des vitraux (quatre fois) ° Lorsque saint Jacques est en compagnie des autres apôtres, chaque apôtre récite, par phylactère interposé, un verset du symbole de Nicée. Saint Jacques nous dit ainsi, en tout ou partie : « qui conceptus est, ex Maria virgine ». Au XVe siècle, dans la maîtresse vitre de l’église Saint-Pierre de Quemper-Guezennec, chaque apôtre partage une lancette avec un prophète et lui confirme sa prophétie. Dans le troisième panneau à partir de la gauche, Isaïe dit à saint Jacques : « ECCE VIRGO CONCIPIET ET PARIET » et saint Jacques lui répond : « NATUS EX MARIA VIRGINE » et il signe « JACOBE ». On rencontre dix-neuf fois ce phylactère dans les porches (planches B4 à B8) et trois fois dans des vitraux (planches D1 et D3) Attribut suffisant pour reconnaître un apôtre, livre ou phylactère ne sont pas indispensables puisque saint Jacques, parfaitement identifié, se présente 105 fois sans l’un ou l’autre. La palme, récompense du martyr, est rarement portée en Bretagne. Nous ne
connaissons que deux statues de saint Jacques porteur de cet attribut (planche A14). L’une, du XVIIIe siècle, à la chapelle Sainte-Marie du Menez Hom (29) où, identifié par une coquille gravée sur son socle, il apparaît dans un retable en compagnie de saint Pierre (tiare), saint Paul (mitre) et saint André qui tient sa croix. Sa représentation du XIXe siècle, à La Fontenelle (35) est identifiée par l’inscription sur son socle. Une troisième statue moderne (XXe-XXIe siècle) présente un saint Jacques que nous avons peine à reconnaître comme le majeur, bien que le site où elle figure (ruines de la chapelle Saint-Jacques des Touches, planche A23) relève bien de celui-ci. L’épée, instrument historique du martyre de saint Jacques6 ne figure que trois fois
dans notre corpus, une fois dans un jubé du XVIe siècle (planche C4) et deux fois dans des vitraux (planche D1). L’épée est chaque fois accompagnée du bourdon, ce qui identifie notre saint dont la représentation à Saffré pourrait, sans cela, aussi bien être de saint Paul. Nous connaissons au musée Dobrée (Nantes) trois statues de grande taille, en plâtre et probablement du XIXe siècle, figurant saint Pierre (clefs), saint Jean (coupe de poison) et un troisième personnage portant un glaive dans son fourreau entouré de la courroie du baudrier, très semblable à la photo de la statue de saint Jacques (1210-1215) présentée ci-contre, provenant du portail central de la cathédrale de Chartres. Lorsque nous avions vu la statue du musée, il y a 3 ans, la conservatrice nous a dissuadés de la photographier, nous assurant qu’il s’agissait de saint Paul. Si la présence de Paul est normale en compagnie de Pierre, que ferait alors saint Jean avec eux ? Nous pensons que nous avons là une statue de Jacques le majeur. 5 Michèle Turbin : « une chapelle de pèlerinage, saint-Jacques de tremevn en Côtes-d’Armor » La TILLY éditeur, Perros-Guirec (22) 6 Actes des apôtres, 12,2 La hache, remplaçant par erreur l’épée, apparaît aussi trois fois (planche D1), dans
le vitrail (XVe siècle) de Quemper-Guezennec cité plus haut, dans un vitrail de Saint-André-des-Eaux (44) et dans une peinture murale à l’église Saint-Jean-Baptiste de La Feuillée (29). Chaque fois, son long manche évoque le bourdon. Nous noterons que dans les cinq exemples de scène présentant le martyre du saint (planches D7, D8 et D9), seule la scène de Merléac (XVe siècle) arme le bourreau d’une hache. La croix hampée portée indifféremment par tel ou tel apôtre, apparaît une seule fois
dans notre corpus (planche A21), dans les mains d’une statue du XVIIIe siècle à l’église Saint-Mélaine/Saint-Léonard de Noyal-Châtillon (35). Saint Jacques est bien identifié par les coquilles sur le col de son manteau. Les attributs spécifiques: (Voir annexe 3)
Au moins en Bretagne, le bâton ou bourdon constitue l’attribut principal de saint
Jacques puisqu’on le retrouve dans 92 % des représentations du saint7 (370 fois), parfois seul mais plus souvent accompagné de la besace8 (156 fois) et/ou de la gourde (77 fois). En Bretagne, dès le XIVe siècle, le bâton, lorsqu’il est d’origine, est en forme de bourdon avec un ou deux pommeaux, mais de nombreux « bourdons » de remplacement sont de simples bâtons. Les Saint-Jacques en majesté, en pierre (et dans un vitrail à Merléac), utilisent pour leur part le bâton en forme de tau. Dès le XIIe siècle, la remise aux pèlerins de la besace et du bourdon pouvait faire
l’objet d’une remise solennelle suivant un cérémonial prévu dans les pontificaux (Photo Bibliothèque municipale de Lyon) peregrinantium » du XIIe siècle se lit dans le « Pontificale Carnotense » (B.N. ms. lat. 945, fo 174 et fo 175) et aussi dans le pontifical de Sens. Elles sont toutes deux identiques au pontifical romain. °Au moment de remettre le sac, le prêtre dit : « …Fit tibi iugum Christi mansuetum et leue ut, suae protectionis custioda te ubique comitante, ad portum salutiferae remissionis misericorditer mereatis attoli… (Le rituel compare la pera, passée au col, au joug du Seigneur qu’elle souhaite léger au pèlerin. La formule se durcit au XIIIe : «…accipe hanc peram, signum peregrinationis tue, ut bene castigatus et salvus et bene emandatus peruenire merearis ad limina sanctorum… » °Quand le prêtre tend le bâton10 : « Accipe baculum sustentationis uel defensionis domini nostri Iesu Christi, quo sustentante gressus itineris tui, firmiter pergere ac fortiter resistere ualeas uenenosis impulsionibus serpantisantiqui11… » Sans nier l’aspect concret de la besace et du bâton, l’église insiste sur leur sens spirituel, indissociable d’un pèlerinage. Toujours prêt à imiter ses pèlerins, saint Jacques adopte la besace dès le XIVe siècle, à quelques exceptions près. D’abord très plate et ornée d’une ou plusieurs coquilles (planches A1, A2, A3 et A6), elle se gonfle ensuite et présente les « toupets » montrant qu’elle est solidement cousue (ou plus simplement à effet décoratif). Le plus souvent portée 7 Beaucoup de bâtons ou bourdons ont disparu avec l’avant-bras correspondant. Nous les avons comptabilisés lorsque la position du bras s’y prête. Nous avons par contre rejeté une statue d’apôtre dont l’ouverture de la main (privée d’attribut) était trop petite pour accueillir un bourdon. 8 Humbert Jacomet préfère substituer à ce mot le mot « sac » ou le mot « escharpe ». Dans les textes médiévaux en français, c’est en effet ce dernier mot qui apparaît le plus souvent pour désigner la pera. Il ne nous est évidemment pas possible de modifier le mot besace que nous utilisons de multiples fois. Dans notre esprit, il désigne aussi la pera. 9 Extrait de H. Jacomet : « L’Apôtre au manteau constellé d’étoiles » (Actes du 8e centenaire de la cathédrale de Chartres) 10 Notons qu’au XVe siècle, dans la maitresse vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac (planche D7) l’artiste met le début de cette formule (accipe baculum) dans la bouche de saint Jacques remettant son bâton à Hermogène. 11 Traduction approximative : « reçoit ce bâton soutenu et défendu par Notre Seigneur Jésus-Christ, qui soutiendra tes pas sur la route et fortifiera ta résistance aux désirs malsains et aux impulsions sataniques » « en écharpe », avec dans quelques cas (17 fois) un baudrier garni de coquilles, on la voit 14 fois (dont 11 au XVIe siècle) suspendue au bourdon (planche A11, B4, C4 et C5). Dans les porches (planche B4), purement symbolique, elle prend la forme d’une bourse minuscule, frappée d’une coquille. La « grande période» de la besace se situe aux XVIe et XVIIe siècles. Sans disparaître totalement, elle se raréfie ensuite pour être en partie remplacée par la gourde. En la gourde apparaît 22 fois en même temps que la besace, 4 fois portée à la
ceinture et 18 fois accrochée au bourdon. C’est donc seulement 55 fois que l’on peut estimer
qu’elle remplace la besace, essentiellement aux XIXe et XXe siècles.
La coquille: (Voir annexe 5)

Nous donnons une place à part à la coquille qui, bien que n’apparaissant que 213 fois, pourrait être classée parmi les attributs spécifiques… si elle n’avait pas été détournée par saint Roch, ce qui entraîne de fréquentes confusions entre les deux saints et parfois la substitution de l’un à l’autre (voir Saint-Brieuc-des-Iffs, planche A18). La coquille était déjà l’enseigne des pèlerins de Compostelle, attestée dès le XIIe siècle dans le « Liber Sancti Jacobi » par un sermon12 attribué au pape Calixte II qui indique que les pèlerins de Jérusalem revenaient en portant une palme (d’où leur surnom de « Paumiers ») alors que les pèlerins de Compostelle portaient une coquille (voir un extrait en annexe 4). Comme pour les vêtements et autres attributs, la coquille fut introduite dans l’iconographie de saint Jacques et nous la voyons apparaître sur une besace dès le XIVe siècle (planche A2) et en plus grand nombre dès le XVe siècle. Peut-être y en a-t’il eu davantage au XIVe siècle, mais, pour cette période, notre corpus est trop modeste pour que nous puissions nous prononcer. Nous avons indiqué plus haut sa présence sur des besaces (8 fois) mais c’est sur le chapeau qu’elle figure le plus souvent (134 fois), parfois concurremment avec d’autres supports. On la voit aussi 90 fois sur un mantelet ou un manteau, dont 64 fois simultanément avec le chapeau. Le baudrier de la besace est lui aussi parfois orné de coquilles. Nous avons dénombré 17 cas entre le XVe et le XVIIe siècle. La coquille n’est accompagnée que sept fois de bourdonnets, sur le chapeau ou le mantelet, entre le XVIIe et le XIXe siècle. Globalement, c’est surtout entre le XVe et le XVIIe siècle qu’elle apparaît sur le chapeau et entre le XVIIe et XIXe siècle qu’elle figure sur le mantelet ou manteau. Cinq cas particulier méritent d’être signalés : A Plomodiern (planche A14) elle figure sur le socle pour identifier le saint, à Guerlesquin et à Cleden-Cap-Sizun (planches A24 et
B1) elle est placée sur la poitrine et à Redon et Plouguin (planche A23), elle est tenue à la
main.

Les accessoires:
(Voir annexe 5)
Le principal accessoire est bien entendu le chapeau, parfois considéré comme un
attribut. Il est en effet présent dans 63 % des cas, 227 fois porté sur la tête13, 16 fois rejeté dans le dos, 6 fois tenu à la main et 2 fois accroché à la ceinture. Nous avons vu qu’il est 134 fois orné d’une ou plusieurs coquilles. Les autres accessoires se présentent en petit nombre : Les chaussures (ou sandales) sont portées 27 fois dont seulement 18 fois aux XIXe
et XXe siècles. Elles se présentent trois fois sous la forme des « bottines de théâtre » que porte souvent saint Roch (planches A13, A18 et A22). Le chapelet apparaît deux fois, à Bannalec (planche A6) et à Brennilis (planche A20)
où il paraît démesuré.
Le

n’apparaît qu’une seule fois à la ceinture du Saint-Jacques de Landudal 12 « Sermon du Pape Calixte pour la solennité de l’élection et de la translation de saint Jacques apôtre qui est célébré le 30 décembre » traduit et publié par Bernard Gicquel dans « La Légende de Compostelle », éditions Tallandier. 13 En comptant les 3 ou 4 chapeaux « postiches » venus plus tard coiffer des statues auparavant tête nue ou cagoulée Chapitre 2
Saint Jacques, des indulgences au concile de Trente
Le titre de ce paragraphe peut surprendre. Nous avons essayé ainsi de séparer nettement une période riche en représentations de tous genres de la période suivante où se manifeste une certaine décadence quand au nombre des statues et surtout des bas-reliefs et une augmentation notable du nombre de vitraux, que l’absence de destructions ne suffit pas expliquer. La période que nous présentons ci-après s’étend en fait du XIVe siècle au début du XVIIIe ou se font encore sentir les prescriptions du Concile. « Hors du temps », nous présentons planche C3 un bas-relief, chapiteau de l’église Saint-Jacques de Pirmil qui proviendrait de l’église romane primitive, ce qui le daterait du XIIe
siècle. Nous l’avons comptabilisé cependant au XIVe siècle. Mis à part cet élément
d’architecture « rescapé » de la guerre de Cent Ans, il nous paraît d’ailleurs peu probable
qu’il y eût, en Bretagne, de nombreuses représentations du saint avant ce siècle.

XIVe au XVIe siècle

Le
XIVe siècle proprement dit, si nous faisons abstraction des deux Saint-Jacques
en majesté dont nous parlerons au paragraphe suivant, nous offre huit statues (planches A1 et A2), dont la moitié en pierre et quatre bas reliefs (planche C1) tous en pierre. Six statues sont vêtues d’un long surcot, coiffées d’un chapeau haut à fond bombé. Elles portent livre et bourdon mais la besace est absente. La statue de Bignan, en long surcot, est coiffée d’un bonnet « à la normande ». Elle n’a ni livre ni bourdon mais porte une besace. La statue de Saint-Nolff, en cotte et surcot est coiffée d’un chapeau à large bord (cassé) par-dessus une capuche. Sa besace est ornée d’une grosse coquille, Deux bas-reliefs figurent sur des sarcophages. Saint Jacques y est en cotte et surcot avec chapeau, livre, bourdon et besace portée très bas. Les deux autres apparaissent sur
les plus anciens calvaires que nous connaissions. L’un est tête nue mais ils portent tous
deux livres, besace et bourdon.
XVe et XVIe siècle

Bien que toujours portés au cours de ces deux siècles, la cotte et le surcot n’y représentent respectivement que moins de la moitié des vêtements pour le XVe et un cinquième pour le XVIe. Il ne peut être question de détailler comme ci-dessus la totalité de la petite centaine de statues et les trois dizaines de bas-reliefs recensés pour ces deux siècles. Il suffit d’ailleurs de se reporter aux planches correspondantes. La cotte et le surcot sont portés 26 fois (planches A2, A3, A24, B4 à B6, C1, C2, D1, D2) par des Saint-Jacques isolés, dans des porches ou sur des calvaires. La robe et le manteau sont portés 29 fois (Planches A4 à A11, B7, B8, C3 à C7, D7, D8) également par des statues isolées, dans des porches et presqu’exclusivement dans les bas-reliefs des jubés. On peut remarquer que le manteau est de plus en plus souvent relevé en tablier, voire drapé, en particulier dans les jubés dont nous parlerons plus loin. Le livre et le bourdon sont toujours présents, la besace manque parfois, mais dans 13 cas, elle est attachée au bourdon (planches A11, B4, C4, C5) Saint Jacques est presque toujours coiffé d’un chapeau qui peut être le haut chapeau à fond bombé cité plus haut mais aussi être « campaniforme » et plus fréquemment, une très grande coiffure rejetée en arrière et encadrant la tête. Il prend aussi plusieurs fois la forme d’un cône renversé (planche A10). Dans les vitraux et jubé, le chapeau est parfois rejeté dans le dos. Seul ou en compagnie de quelques saints, saint Jacques apparait dans les chœurs ou dans les nefs des églises et chapelles ou, exceptionnellement au fronton de l’un de ces édifices. Parfois en pierre, il est plus souvent en bois, sous forme de statue d’applique au dos excavé. Outre les représentations du saint « isolé », nous voyons apparaître de nombreux collèges des apôtres qui atteindront leur apogée au XVIe siècle. Mais avant d’aborder cette
catégorie de représentation, nous présentons la collection de Saint-Jacques en majesté (12
statues et un vitrail) dont les plus anciens remontent probablement au XIVe siècle.
Les Saint-Jacques en majesté (XIVe- XVIe siècles)

Nous connaissons quatorze Saint-Jacques en majesté en Bretagne mais l’un d’eux, qui nous est resté inaccessible14, n’est cité que pour mémoire. Nous présentons donc douze statues (planches A4 et A5) et un vitrail (planche D7), regroupés dans l’actuel département des Côtes-d’Armor15 et dans deux cas, dans le Finistère. La moitié des statues et le vitrail sont du XVe siècle, les autres du XVIe. Avec une approche différente, nous constatons que, mise à part la statue de Pont- Croix très excentrée, statues et vitrail se trouvent sur le territoire de l’ancien Penthièvre, et plus précisément dans le Poudouvre des seigneurs de Dinan et le Porhouët16 des Rohan. Nul doute que ces grands seigneurs rivalisaient de magnificence en fondant ou restaurant églises et chapelles. Les Rohan, en particulier, ont couvert leurs terres de « chapelles » qui sont de véritables basiliques. Nous verrons d’ailleurs plus loin comment ils ont contribué à répandre les légendes « fondatrices » du pèlerinage à Compostelle. Parmi les 7 statues en pierre, quelle que soit leur datation, une seule (à Plumieux) est coiffée d’un bonnet « à la normande » timbré d’une coquille. C’est aussi la seule à n’avoir d’autre attribut qu’un phylactère. La statue de la fontaine de Saint-Jacques en Trémeven, en possession de tous les attributs et d’un baudrier garni de coquilles, est coiffée d’un chapeau qui semble postiche. Nous ne nous étendrons pas ici sur les quatre statues du Poudouvre largement présentées dans la planche A4, toutes quatre munies d’un phylactère et s’appuyant sur un bâton en tau (dans la tradition galicienne), comme le Saint-Jacques du vitrail. La statue de pierre de Merléac (XVIe siècle) était sans doute munie d’un bourdon. A l’exception de la statue de la chapelle Saint-Jacques en Trémeven, dotée elle aussi d’un chapeau postiche (style XVIe siècle), avec bourdon et phylactère, les quatre autres
statues en bois sont du XVIe siècle. Deux sont tête nue et tiennent un phylactère, les deux
autres sont coiffées d’un chapeau et tiennent un livre ; toutes sont munies d’un bourdon
auquel la statue de Pont-Croix accroche sa besace. Cette dernière statue constitue le
prototype de 80% des statues du XVIe siècle, en robe, manteau et chapeau.
Saint Jacques dans sa légende et dans l’Evangile

Comme annoncé plus haut, c’est dès le début du XVe siècle que les Rohan ont décoré leur chapelle Saint-Jacques17 de nombreuses peintures sur lambris et d’une magnifique maîtresse vitre, récemment restaurée. Quelques peintures « rescapées » des déprédations diverses (surtout les intempéries !) et la verrière présentent la lutte de saint Jacques contre le sorcier Hermogène, sa décollation, sa translation et… la légende du pendu dépendu. Nul doute que leur source fut la « Légende Dorée » de Jacques de Voragine. Nous ne présentons ici (planche D7) que les scènes où les caractères iconographiques du saint présentent un certain intérêt. Nous constatons que, tête nue pour prêcher ou lorsqu’il siège en majesté, saint Jacques se coiffe d’un chapeau de forme variée dans les autres cas, sauf bien entendu pour sa décollation. C’est seulement un siècle et demi plus tard, au milieu du XVIe siècle, que la chapelle Notre-Dame-du-Cran fut dotée d’une verrière présentant le martyre et la translation du saint. 14 Publié jadis par Humbert Jacomet, ce Saint-Jacques, très détérioré, est actuellement « quelque part » dans les réserves du musée de Saint-Brieuc. 15 Bédée est actuellement en Ille-et-Vilaine mais il était bien dans le Poudouvre avant la Révolution 16 Le Poudouvre était un pagus (circonscription) au sud de Dinan, le Porhouët était aussi un pagus autour et à l’ouest de Pontivy. 17 A Saint-Léon-Pape en Merléac (22) Nous ne présentons ici (planche D8) que la scène de la décollation où, pour que nul ne l’ignore, il a conservé chapeau et bourdon. Plusieurs vitraux du XVIe siècle montrent saint Jacques dans la scène de la Transfiguration mais il n’y présente pas toujours de caractères iconographiques
déterminants. Nous présentons (planche D8) trois vitraux provenant d’un même modèle où
saint Jacques, vêtu d’une robe et d’un manteau, tient son bourdon à la main et porte son
chapeau (rouge) dans le dos.
Les bas-reliefs et peintures des jubés et chancels

Le XVIe siècle présente la quasi-totalité de ce type d’expression (17 fois sur 21) qui n’apparaît qu’entre le XVe (2 fois) et le XVIIe siècle (aussi deux fois). A rare exception près, ils sont localisés dans les évêchés du Léon et de Tréguier, comme les enclos paroissiaux que nous verrons plus loin. Saint Jacques y est presque toujours représenté (planches C4 à C6) en robe et manteau, coiffé d’un chapeau de forme variée, le livre18 et le bourdon à la main. La besace est parfois oubliée mais dans trois cas, elle est attachée au bourdon (planches C4 et C5). Signalons la présence à Maël-Pestivien d’une cotte et d’un surcot, seul exemple de cet habit que nous ayons sur les jubés. XVIe au XVIIe siècle
Les enclos paroissiaux

Nous sommes toujours dans le Léon, le Trégor voisin et le très vaste évêché de Cornouaille. Même si quelques grands seigneurs se profilent en arrière plan (toujours les Rohan) ce sont les paroisses qui ont pris elles mêmes les choses en main. Enrichies par le commerce de la toile, les paroisses de ces évêchés créèrent en effet, entre le XVe et le XVIIIe siècle19, des « enclos paroissiaux » ouvrant vers leur cimetière par un porche monumental. L’entrée dans les églises se faisait par un porche non moins monumental, le plus souvent au sud, décoré des statues des apôtres et dénommé de ce fait « porche des apôtres ». Après la Révolution, nous pouvions dénombrer 42 porches possédant encore leurs statues20 et seize qui en étaient privés, mais certains ont reçu depuis des statues modernes (cinq) dont nous parlerons in fine (planches B4 à B9) Le signal de départ a été donné par la paroisse de Coët-Méal qui plaça au tout début du XVe siècle les statues des apôtres dans son « porche sud » terminé dès la fin du XIVe.
Au cours de ce XVe siècle, son exemple fut suivi par huit autres paroisses du Léon (dont les
deux paroisses de Saint-Pol qui ont perdu une grande part de leurs statues, dont les Saint-
Jacques), deux paroisses du Trégor (Lanloup21 et Plonevez-Moëdec, ce dernier vide de nos
jours) et Le Quillio (22) de l’évêché de Cornouaille, également vide.
Le XVIe siècle, plus riche, a vu apparaître 30 porches22 dans le Léon, la Cornouaille,
le Trégor et… l’évêché de Vannes, exception pour confirmer la règle. Deux de ces porches sont vides de nos jours. Pour ces deux siècles, la plupart des statues sont en pierre (26 sur 29) et présentent une même attitude hiératique quel que soit leur vêtement, cotte et surcot (16 fois) ou robe et manteau (9 fois). Le chapeau est toujours présent23. Les trois statues en bois polychrome (dont deux sont tête nue), avec robe et manteau, offrent un peu plus de fantaisie. Celle de Kersaint est absolument atypique avec sa barbe bifide, son gros livre sous le bras droit et sa besace sur la poitrine (planche B8). 18 Il est porté dans un sac à Saint-Mayeux et Carnoët 19 Un seul enclos pour ce siècle 20 Dont deux statues « de remplacement »mises en place au XVIIIe siècle come nous le verrons plus loin. 21 Lanloup était une enclave de l’évêché de Dol 22 En fait, 31 porches ont été construits alors, mais le porche du Faou ne recevra ses statues qu’au XVIIIe siècle (voir plus loin) 23 Les statues de Larmor-Plage et Pont-Croix portent leur chapeau dans le dos Au XVIIe siècle, c’est 17 porches24 qui furent construit avec les exceptions des deux
paroisses « orientales » dans l’évêché de Saint-Brieuc25. Cinq d’entre eux étaient vides en 1795. Comme aux siècles précédents, la plupart des statues sont en pierre (10 fois) et ont une attitude hiératique. Sept portent la cotte et le surcot, une est en robe et manteau et deux portent un mantelet garni de coquilles sur leur manteau. Les deux statues en bois polychrome, tête nue, portent le mantelet directement sur la robe. Le porche de Tremel offre une heureuse fantaisie, les apôtres paraissant converser aimablement. La mode des enclos avec l’archaïsme relatif de ses statues disparu avec ce siècle mais la mise en place de nouvelles statues nous amènera à en reparler aux chapitres
suivants.
Les groupes d’apôtres

Plus à l’est, ou dans des paroisses moins riches, le collège des apôtres fut représenté par des statuettes de bois polychrome (12) aux emplacements variés… et modifiés au fil du temps. En robe et manteau, ces statuettes sont toutes munies d’un bourdon et du livre (dont une fois dans un sac). Par contre, la besace est souvent absente. Une exception nous montre dans un chancel du XVIe siècle, un Saint-Jacques court vêtu d’une tunique et d’un mantelet avec coquilles. Le mantelet est réputé n’apparaître qu’au XVIIe siècle, ce serait donc une première ! Mais peut-être cette statuette a-t-elle été ajoutée plus tard sur ce chancel où les autres apôtres sont en bas-reliefs. Saint Jacques apparaît aussi avec d’autres apôtres sur quelques calices. Certains
calices, non présentés ici, comportent des inscriptions qui les relient à notre saint. Quatre
seulement, dont trois des XVIe et XVIIe siècles le présentent avec besace et (gigantesque)
bourdon (planche E5).
XVIIe siècle

Comme il a été dit plusieurs fois, le XVIIe siècle est marqué par l’apparition d’un mantelet porté sur la robe ou, plus fréquemment, sur le manteau. Le style classique du XVIe siècle n’est pas pour autant abandonné et nous rencontrons presqu’autant de Saint-Jacques en robe et manteau (28) que pourvus d’un mantelet (29). Par exemple, parmi les croix de procession, nombreuses en Bretagne26, six
présentent une partie du collège des apôtres où toujours en pied, tête nue, en robe et manteau, saint Jacques porte un livre et un très grand bourdon. Une seule croix27 est consacrée à saint Jacques seul (planches E3 et E4). Coiffé d’un chapeau aux bords plats, il tient un bourdon dans la main droite et une gourde (ou un encensoir ?) dans la gauche. La coquille est absente dans tous les cas. Il en est de même de la chape ou chasuble de Tréguier où saint Jacques tient son
livre ouvert et des manuscrits du XVIIe siècle où saint Jacques prend un aspect stéréotypé
repris dans les images d’Epinal (quelques exemples planche E6).
Les autres représentations portent presque toutes un bourdon (planches A12, A13, A16 à A18, C7) et le livre mais les Saint-Jacques en mantelet sont le plus souvent dépourvus de besace28. La coquille continue à être souvent portée, tant sur le chapeau que sur le mantelet, et parfois sur les deux. Les statues où le saint se présente tête nue restent rares. Les statues isolées sont pour la plupart en bois polychrome mais comptent dans leurs rangs quatre statues en terre cuite. 24 Dix-huit en comptant le porche de Guimiliau qui recevra ses statues au XVIIIe siècle (voir plus loin) 25 L’une de ces paroisses était une enclave de l’évêché de Dol 26 Souvent ornées de représentations des Evangélistes 27 A Pleuven, Finistère 28 Noter qu’à Treméoc, planche A17, la besace est remplacé par la « boîte à papier » métallique. Chapitre 3
Saint Jacques, de Louis XIV à nos jours
Alors que la période étudiée au chapitre précédent, présente une certaine cohérence avec le respect des modèles anciens et la présence de la plupart des attributs et accessoires, la période où nous entrons maintenant présente une grande diversité dans l’utilisation de ces derniers. Elle se divise nettement en trois phases : du XVIIIe siècle au tout début du XIXe, du XIXe siècle au début du XXe et de la fin du XXe au XXIe siècle.

XVIIIe au XIXe siècle

Le
XVIIIe siècle voit disparaître les jubés, passés de mode au profit des retables qui
ont commencé à apparaître au siècle précédent. C’est aussi la fin des « porches des
apôtres ». Un seul porche est construit, à Rosnoën. Il restera vide mais les porches du Faou
(XVIe siècle) et de Guimiliau (XVIIe siècle) reçoivent leurs statues, en bois polychrome, avec
un très grand mantelet couvert de coquilles et un chapeau également orné. La statue de
Guimiliau présente un saint Jacques détendu, les bras écartés, avec un livre ouvert dans la
main droite.

Le XVIIIe et le début du XIXe siècle sont la période la plus pauvre en représentations de saint Jacques. Aucun vitrail présentant le saint n’a été répertorié avant la fin du XIXe. Encore nombreuses, les statues de saint Jacques « isolé », en bois polychrome ou parfois en terre cuite, prennent souvent place dans un retable. Au XVIIIe siècle, les quelques statues en robe et manteau (planche A13 et A14) sont toutes tête nue et ne portent guère que le bourdon et parfois le livre. La statue de Pontivy n’a aucun attribut et n’est identifiée que par l’inscription sur son socle. Les statues avec mantelet (planches A19 à A21), pour leur part, arborent coquille au chapeau lorsqu’elles sont coiffées et coquille au mantelet dans le cas contraire. Le bourdon est toujours présent mais la besace n’apparaît plus et le livre se fait rare. Au début du XIXe siècle, des artistes renommés sculptent dans la terre cuite ou dans
le plâtre des statues de saint Jacques dépourvues de besace mais munies du livre et du bourdon (planches A14, A21 et A22). La statue du Rheu (planche A14) représente un apôtre que seule l’inscription sur son socle identifie. Sauf deux, qu’elles soient en bois polychrome, en plâtre ou en terre cuite, les statues sont tête nue et, lorsqu’elles en sont pourvues, le mantelet est orné de coquilles. XIXe au XXe siècle

Les statues :
Dans les groupes d’apôtres qui réapparaissent (planche B3), les Saint-Jacques
sortent souvent d’une même main (dans le Finistère)…ou d’un même moule (en Loire-Atlantique). Nous voyons alors la « besace à toupets » sur trois statues identiques ! Trois statues (planches B8 et B9) viennent habiter les porches de Guingamp, Rostrenen et Lennon. En robe, manteau et, dans deux cas, mantelets garni de coquilles, elles portent bourdon et livre ou parchemin (à Lennon) Les statues « isolées » présentent aussi un caractère répétitif : A Guiclan (planche A15), un modèle en bois polychrome a donné naissance à deux statues en fonte, identiques avec bourdon, besace, chapeau à coquille, lisant un livre ouvert. Dans le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine (planche A22) quelques statues en terre cuite portent sur leur robe un manteau (que nous appelons « redingote ») au large col orné de coquilles. Pas de besace mais le grand bourdon, porté au travers du corps est équipé de la gourde. Le chapeau est tenu à la main bras croisés sur la poitrine. Les bas-reliefs :
Nous avons répertorié 5 bas-reliefs en pierre, dans les Côtes-d’Armor et la Loire- Atlantique, mais, compte tenu de la variété des modèles, pour ne pas les présenter un à un, nous ne pouvons que renvoyer à la planche C3 ; Les 7 bas-reliefs en bois monochrome (planche C8) se présentent dans des stalles, des tabliers d’autel et sur des chaires. Le plus souvent en robe et manteau (deux fois avec mantelet à coquilles), saint Jacques se présente tête nue, chapeau dans le dos, avec un long bourdon garni d’une gourde (à Riaillé, le bourdon est devenu bâton de berger)
Les vitraux et peintures murales :

Nous sommes dans la « grande époque » des vitraux et peintures murales puisque
32 vitraux (sur 52) et 8 peintures murales29 y sont répertoriés. On ne remarque pas de différence selon que le vitrail appartient à une série comprenant les apôtres ou seulement saint Jacques, même lorsqu’il figure de façon parfois inattendue dans une scène (hommage au sacré cœur de Marie, par exemple !) Le plus souvent tête nue, en robe et manteau avec ou sans mantelet garni de coquilles, il est toujours porteur d’un long bourdon avec gourde (ou au moins le crochet prévu pour cet usage) mais le livre ou parchemin souvent roulé n’apparaît que 13 fois (planches D2 et D3) et la besace 7 fois (planche D2) bannières
apparaissent au XIXe siècle et surtout au début du XXe. (Planches E1 et E2) Utilisées dans les processions des différents pardons, nombreux en Bretagne, peu
d’entre elles représentent saint Jacques, sauf dans les paroisses qui lui étaient consacrées.
C’est donc seulement 10 bannières que nous présentons, sur lesquelles saint Jacques doit
parfois voisiner avec saint Philippe30. Souvent vêtu d’une robe et d’un manteau, le col parfois
orné de coquilles, il porte deux fois un mantelet directement sur sa robe. Il ne porte le
chapeau que dans deux autres occasions.
XXe au XXIe siècle

Statues (planches A15 et A23)
A partir de la seconde moitié du XXe siècle, avec le renouveau du pèlerinage à Compostelle, outre quelques statues de plâtre moulé (planche A15), des sculpteurs modernes proposent des statues de styles variés, depuis la très belle statue de Riec-sur-Belon, évoquant une statue du XVIe siècle en robe et manteau (planche A15), la statue du Pouldu en Clohars qui porte manteau et mantelet par-dessus un surcot, avec abondance de coquilles jusqu’aux statues de Combrit, en recherche d’effet artistique ou le pastiche d’Irvillac, où saint Jacques est transformé en gentilhomme campagnard ! (planche A23). D’autres cherchent à imiter des modèles anciens avec plus ou moins de succès. Deux modèles atypiques méritent considération : un Saint-Jacques portant une palme31, aux Touches et la statue dernière née (septembre 2006) réalisé avec foi par un tailleur de pierre à la retraite, où saint Jacques devient pasteur avec sa canne de berger et s’identifie par la coquille qu’il présente de la main droite. Deux statues résolument modernes, faisant fi de la plupart des caractères traditionnels associés à saint Jacques sont mises en place dans des porches anciens (planche B9). Tête nue, vêtues d’une simple robe avec ceinture, ces statues qui retrouvent l’attitude hiératique des anciens modèles portent comme attribut un simple bourdon. Une « écharpe » garnie d’étoiles barre le torse de la statue de l’Hôpital-Camfrout, voulant peut-être rappeler le baudrier des besaces anciennes, mais le sens même de l’attribut semble perdu et cette écharpe ne soutient aucune besace. 29 L’une de ces peintures est en fait un tableau. 30 Nous n’entrerons pas ici dans le débat « majeur »/ « mineur » sur lequel nous avons donné notre avis autre part. 31 Déjà cité plus haut Les vitraux :
La planche D6 présente cinq vitraux modernes allant d’un certain classicisme (à Touvois) où saint Jacques, en buste, tête nue, porte une coquille sur l’épaule et tient un grand bourdon avec gourde jusqu’à une approche frôlant le cubisme (à La Planche) où on devine un saint Jacques (en buste) chapeauté et portant un bourdon avec gourde. Autres représentations
Nous citerons
° Le bas-relief de Plonevez (planche C8) où les douze apôtres sont quasiment
identiques, avec des attributs impossibles à identifier, sauf saint Pierre et saint André, ° Une tapisserie présentant le baptême du Christ et la Pentecôte. Saint Jacques,
vêtu d’une robe avec ceinture et d’un manteau, chapeauté (coquille) tient dans ses mains le livre et un grand bourdon. ° Une crosse épiscopale du XXe siècle ornée entre autres d’une statue « moderne »
du saint vêtu d’une robe avec ceinture où pend une coquille, besace, livre et bâton de berger Conclusion
Il nous faut bien reconnaître, au moins en ce qui concerne les représentations de saint Jacques, que la Bretagne ducale se partage en trois zones : la Bretagne bretonnante, la Bretagne galèse et le Nantais32. Nous n’avons pas développé ce sujet déjà présenté dans le livre de référence, mais on ne peut que constater que, si la différence quantitative de représentations de saint Jacques peut résulter en partie des destructions et disparitions survenues au fil du temps, elle provient aussi d’un différence de mentalité, le culte du saint paraissant se développer plus tardivement en Haute-Bretagne et surtout dans le Nantais où le plus grand nombre de représentations ne s’observe qu’à partir du XIXe siècle avec une prolifération de vitraux et de peintures murales33. 32 En n’oubliant pas que la presqu’île de Guérande, conquise par les bretons de Waroc, a conservé de fortes attaches avec la « Bretagne bretonnante » 33 Dont un certain nombre, non présenté dans cette étude, ne présente que les têtes des apôtres, et saint Jacques n’y est identifiable que par la légende.

Source: http://www.saint-jacques-compostelle-bretagne.fr/iconographie/icono-chap1-3.pdf

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